Interview : Nicolas CONQUEUR

A maintenant 33 ans, Saïd Ben Driss approche de sa fin de carrière sportive. Plus jeune, il a côtoyé de célèbres joueurs comme Nando De Colo ou encore Mickaël Gelabale. Promis à un avenir doré, il a malheureusement été confronté à de nombreuses blessures. A l’URB depuis dix ans, il a rejoint le dispositif Collectif Sports dans une démarche de reconversion.

Saïd Ben Driss

Bonjour Saïd, aujourd’hui nous allons parler reconversion avec toi. Qu’est-ce que cela t’inspire à première vue ?

(Grande inspiration, puis rires) Je devais avoir 27 ou 28 ans quand on me l’a mentionné la première fois. On me posait souvent la question pour savoir vers quel domaine je pourrais me projeter. Mais je n’arrivais pas à répondre, je ne m’y voyais pas. Je répondais que j’avais encore quelques belles années devant moi. Puis concrètement, je n’avais rien de solide sur lequel je pouvais m’appuyer.

Cela ne fait pas si longtemps que tu as commencé à te pencher sur le sujet, tu n’y avais jamais songé auparavant ? 

Si j’y avais déjà réfléchi mais je n’étais pas dans l’optique de me dire « ça c’est pour moi ! ». Je n’ai sans doute pas eu les opportunités ou les rencontres pour construire un projet.
C’est en 2017, à 31 ans, lors de ma dernière blessure que je me suis dit qu’il fallait que je commence à penser à l’après-basket. Même si j’avais envie de revenir et de retrouver les parquets, les blessures font que je ne pourrai pas continuer à jouer jusqu’à 36 ou 37 ans.

Tu as eu de nombreuses périodes de convalescence suite à des graves blessures, cela t’avait-il déjà traversé l’esprit que cela s’arrête du jour au lendemain ?  

Lors de ma première blessure en 2006, non. Mais quand je me suis rompu le ménisque, oui. J’ai eu une période de doutes, mais elle n’a pas duré très longtemps. Je me suis accroché et je ne voulais pas terminer ma carrière de cette manière.

Maintenant que tu arrives à cette période transitoire de ta vie, quelles sont pour toi les plus grosses difficultés ? 

C’est vrai qu’on est plus proche de la fin que du début (rires). Plus les jours passent, plus ça se raccourcit. Peut-être que je suis trop exigent avec moi-même, mais j’aimerais trouver un domaine dans lequel je pourrais m’épanouir autant que je me suis épanoui dans le basket. Quelque chose où je pourrai mettre autant d’énergie, autant de passion !

Tu t’es toujours présenté comme étant joueur de basket professionnel. C’est une vraie marque identitaire à laquelle tu es affilié depuis ton plus jeune âge, comment s’en défaire ?

Je ne sais pas trop si je vais pouvoir m’en défaire. A mon avis, tant que j’ai un visage assez jeune, les gens continueront de me prendre pour un basketteur même si je ne le suis plus. Je pense qu’avec le temps, cette identité va s’estomper. Mais je ne cherche pas forcément à m’en défaire, ça fait partie de moi. Je ne pense pas qu’avoir été professionnel soit une lacune, au contraire ça peut être un atout.

Désormais, comment te sens-tu à l’idée d’aborder cette nouvelle étape de ta vie ? As-tu des craintes ?

J’ai surtout peur de trouver un métier qui ne me plaise pas. Je n’ai pas envie de faire un travail « alimentaire ». J’aimerais avoir un travail avec des perspectives d’évolution, des challenges, de la compétition, où il y a une bonne ambiance. Quelque chose qui me donne envie de me lever le matin !
Le passage que j’ai pu faire chez Guenno Immobilier l’an passé m’a permis de mettre un pied dans le monde du travail et de me préparer à la suite.

Que t’a apporté cette expérience qui n’a rien à voir avec le monde du basketball ?

Tout d’abord, j’avais envie de sortir un peu du milieu du basketball puisque j’avais déjà mes diplômes d’entraîneur au niveau régional. Je voulais voir autour et ne pas rester enfermé dans ce milieu-là. J’ai donc été attiré par l’immobilier. Je trouvais que c’était un secteur assez sympathique, je ne voyais que le bon côté des choses (rires). Je ne me rendais pas compte de toutes les exigences qui pouvaient il y avoir. Finalement, ça ne me convenait pas ! J’ai réalisé que je ne pouvais pas m’épanouir pleinement dans ce milieu.
Je n’étais sans doute pas préparé à la relation avec les gens. Je devais aller vers eux, créer le contact, alors qu’au basket je n’avais pas besoin de faire la démarche. Les spectateurs venaient me voir.

Tu as choisi Sport Compétences pour t’aider dans ta reconversion, pourquoi ?

C’est un organisme qui a déjà suivi beaucoup de sportifs, pour mettre en parallèle leurs compétences sportives avec le milieu de l’entreprise. Leur discours me plaît, ça me parle ! Tout ce qu’ils racontent, ce sont des choses auxquelles on ne fait pas attention en tant que sportif. Bien souvent, on ne sait même pas qu’on possède des capacités parce qu’on se focalise essentiellement sur le sport.

Peux-tu nous dire où tu vois ton avenir dans 10 ans ?

Franchement pour le moment, c’est le flou total !!! (Rires) Les trajectoires sont tellement changeantes que je vais sans doute commencer quelque part et voir où le vent me mène. En rachetant ma maison sur Rennes, j’ai pu réaliser quelques travaux et je me suis découvert une passion pour la décoration d’intérieur et l’agencement. C’est vraiment un souhait pour moi de me détacher du basket et de découvrir autre chose, sans pour autant couper totalement.
Je pense vraiment que dans une dizaine d’années, j’aurai toujours un lien avec l’URB. Je suis au club depuis dix ans et pourquoi pas y être encore en 2029. C’est important pour moi de continuer à soutenir l’ambition de l’URB et c’est avec grand plaisir que j’apporterai mon aide dans le futur. J’ai un réel attachement pour ce club !

Merci Saïd, on te souhaite bonne chance pour ta reconversion et on espère te revoir vite sur le parquet de Colette Besson l’année prochaine !